samedi 5 juillet 2014

sur Baudelaire

à la question "Baudelaire était-il un dandy", on veut répondre que non.
Baudelaire, le plus grand théoricien du dandysme, sans aucun doute, par opposition à Brummel et Barbey d'Aurevilly, les plus grand praticiens de leur illustre profession.
Mais alors pourquoi, Baudelaire, pas un dandy ?
Parce que trop passionné, trop furieusement enflammé, Baudelaire.
Ô toi que j'eusse aimé !!
Mais le Dandy n'aime pas. Le Dandy est tout entier ennui, bovarysme, presque.
Le Dandy ne ressent pas, ni honte, ni chagrin.
Ce que le Dandy ressent, à la limite, c'est le spleen, cette espèce de languissante mélancolie qui, seule, pourrait donner l'impression qu'il vient de s'avachir de quelques centimètres dans ce fauteuil de velours dévoré à motifs persans, alors qu'il porte un corset aux baleines véritables sous son gilet de soie damassée de Chine.

Le spleen, le "ha ! où donc est-elle passée, mon âme !", cette douleur vague et confuse dont on souffre parfois en le montrant un peu, juste un peu, en resserrant sa main contre un cadre de fenêtre, en s'éloignant une seconde d'une fête absurde que l'on aurait pas dû donner, peine inexpliquée, inexplicable et qui participe à l'effet "ténébreux" que le Dandy tend à exsuder de sa personne toute entière.

En cela, Baudelaire est un dandy. Il est tout entier spleen. Il est tout entier mélancolie, douleur, ténébres.

"Aujourd'hui, l'espace est splendide !"

Allons donc. Je puis être un dandy aussi.

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